Recruter en ligne : le pari de Tanguy Vasseur, fondateur de Cookorico

Publié le 20.12.2021 - Dernière modification 09.02.2022
Cookorico

Savez-vous que certaines plateformes existent pour vous aider à optimiser vos  recrutements de professionnels dans le secteur du CHR ? Adaptés à votre structure et à vos besoins, ces nouveaux dispositifs vous permettent même de gagner en visibilité. A l’instar de Cookorico, une plateforme de recrutement en ligne lancée en 2017 qui propose un processus simple, rapide et accessible au plus grand nombre pour connecter candidats et recruteurs. La plateforme d’origine rennaise a reçu en 2019 le titre de Recruteur Digital, TheFork a rencontré Tanguy Vasseur, son fondateur et dirigeant. 

 

Quelle est l’histoire de Cookorico ? Tout commence en Bretagne… 

Je suis issu du secteur de l’hôtellerie restauration. J’ai fait un lycée hôtelier puis j’ai travaillé en tant que saisonnier pendant 7 ans dans des hôtels 4* et 5* partout dans le monde. Je suis ensuite revenu en Bretagne à Lorient où j’ai tenu un hôtel 2* de 2005 à 2014. Pendant toutes ces années, j’ai observé que les gens du milieu me faisaient part de leurs besoins de recrutement. Mon constat est donc parti de là, il fallait créer une base de données qui soit commune à tous les établissements et rendre le recrutement collaboratif et interactif.

Concrètement, comment fonctionne votre service ? 

Nous sommes un site d’emploi spécialisé sur le secteur du CHR. Notre formule est gratuite pour les candidats et nous proposons différentes offres pour les recruteurs. Notre solution consiste en la publication d’offres d’emplois sur notre site qui correspondent au profil des candidats inscrits sur notre base. Si un recruteur cherche un chef de cuisine à Rennes, nous allons alerter les chefs de cuisine qui se situent sur le bassin rennais et leur dire que leur profil correspond à une nouvelle offre. De plus, nous multidiffusons les offres chez nos partenaires (Pôle Emploi, Indeed, Studyrama, Talent…) de façon à ce que l’annonce gagne en visibilité et soit visible par un maximum de candidats. Nous ne sommes pas pas une agence d’intérim ou de recrutement, nous, notre travail, c’est de faire gagner en visibilité les recruteurs pour toucher un maximum de candidats. Ensuite, candidats et recruteurs se mettent en relation et le recrutement peut être géré en un clic.

D’autre part, toutes les informations que nous collectons vont générer une « page carrière »  qu’on est capable d’intégrer directement sur le site internet du recruteur. C’est ce qu’on a fait avec le groupe Memphis. Nous avons généré un onglet “recrutement” sur leur site internet dans lequel nous référençons les offres d’emploi de tous les établissements du groupe. Ce qui nous différencie d’un site d’emploi classique c’est que nous nous adaptons à toutes les structures. Pour les groupes, nous avons un responsable des ressources humaines qui va gérer le recrutement de tous les établissements et, sur chaque établissement, on définit un manager qui va pouvoir gérer lui-même ses propres recrutements. C’est un module multi-établissement : sur un seul tableau de bord, les groupes vont pouvoir gérer tous leurs établissements. C’est une offre à la carte qu’on fait avec les établissements multi-structures.

 

À qui vous adressez-vous ?

Nous comptons 60 000 candidats inscrits sur notre plateforme. Depuis la mi-mai et la réouverture des restaurants, 450 établissements sont inscrits, de la sandwicherie au trois étoiles MICHELIN en passant par l’hôtellerie de plein air. On est actuellement à plus de 1000 offres d’emploi en ligne.

 

En quelque sorte, vous êtes un responsable des ressources humaines externes… 

Oui, on nous a déjà dit qu’on était le « Pôle Emploi du CHR ». L’idée, c’est d’avoir le maximum d’établissements sur notre plateforme car plus il y a d’offres, plus il y a de candidats et plus le recrutement est efficace.

 

Qu’avez-vous constaté en termes de recrutement depuis la crise de la Covid-19 ?

Avant la crise de la Covid-19, on avait 1600 clients, c’est un peu plus qu’aujourd’hui. Nous sommes quasiment repartis de zéro. La période de l’année où les recrutements sont les plus importants c’est de février à juin. Depuis la Covid-19, on a repensé notre modèle économique pour améliorer nos services. Aujourd’hui, on propose donc un mode avec ou sans engagement en ligne avec un tarif très compétitif. Notre formule avec engagement est à 50€ par mois sur 12 mois et pour une formule sans engagement, il faut compter 75€ par mois résiliable quand le client le souhaite.  Nous constatons que la problématique de recrutement est là depuis 15 ans. On tirait déjà la sonnette d’alarme avant la Covid-19, puisqu’on était à 110 000 postes non pourvus et que Pôle Emploi annonçait 250 000 postes non-pourvus pour 2025. Le Covid a tout accéléré et beaucoup de salariés ont perdu sens à ce qu’ils faisaient. La fameuse phrase des « commerces non essentiels » a poussé des milliers de salariés à se dire qu’ils ne servaient plus à rien. Ce sont des gens qui n’avaient plus de cap et qui se sont dit qu’ils allaient changer de métier pour retrouver du sens. Cela fait partie des dommages collatéraux causés par la Covid-19, il va falloir être patient pour retrouver un niveau d’équilibre. Par ailleurs, la formation a été stoppée pendant un an et peu de personnes sortent des écoles d’hôtellerie. Enfin, tous les établissements ont rouvert en même temps à la mi-Mai dernier et tout le monde a recruté au même moment. Aujourd’hui, on a perdu quasiment 18% de la masse salariale du coup, les recruteurs se disent qu’ils vont arrêter de chercher des compétences et s’orienter vers des profils de personnes motivées qu’ils formeront eux-même. Aujourd’hui, on ne recherche plus le mouton à 5 pattes mais le mouton à 7 pattes…

 

Si vous deviez donner trois conseils aux partenaires TheFork qui souhaitent recruter dans les prochaines semaines, lesquels seraient-ils ? 

D’abord, anticiper son recrutement, on est trop souvent dans l’urgence et on s’agace en se disant qu’on ne trouve pas car il y a peu de candidats. Deuxièmement, il faut travailler la qualité des annonces, il y a 10 offres pour 1 candidat donc il faut se poser la question de savoir ce qui va faire la différence. Il faut éviter la fiche de poste classique et parler en ayant le ton approprié pour que le candidat ciblé se sente concerné. Et surtout, il faut indiquer les salaires. Troisièmement, il faut être hyperréactif sur le recrutement. Si vous recevez une candidature, il faut que vous contactiez le candidat dans l’heure ou dans la journée. Un des restaurateurs avec qui on travaille a décidé de fermer le samedi et le dimanche pour garder tous ses salariés et il n’a quasiment pas eu de turnover… il faut se poser les bonnes questions.

 

Coupures, horaires décalés, manque de reconnaissance : comment envisagez-vous l’avenir des emplois du secteur ?

Je pense qu’il faut plus de souplesse sur les contrats et, quand c’est possible, avoir une équipe du midi et une équipe du soir en faisant des contrats de 20h - 25h. Il y a aussi la prime de cooptation qui fonctionne très bien ainsi que l’intéressement que beaucoup d’entreprises commencent à mettre en place de sorte à ce que les salariés soient intéressés à l’activité. Enfin, je pense qu’il faut développer la formation et le coaching en management car la plupart du temps en restauration, les managers sont jeunes mais rarement formés. Or, pour structurer des équipes, il faut former au management, ce n’est pas quelque chose qui s’apprend sur le tas. 

 

Que pensez-vous de l’accélération du freelancing dans le secteur du CHR ?

Chez Cookorico, les profils recherchés représentent le noyau dur des salariés qui s’évalue à 80% des employés du secteur. Les extras, les freelances représentent quant à eux 20% des employés. Le problème, c’est que les hôteliers-restaurateurs n’anticipent pas leur recrutement et donc, le freelancing se développe. On voit aussi qu’en cas de Covid, ces formes d’emplois peuvent poser problème pour des questions de sécurité de l’emploi. Mais le freelancing a encore de beaux jours devant lui puisqu’il impose un cadre à des fonctionnements qui n’en avaient pas jusque-là ce qui est positif. Chez Cookorico, notre métier, c’est de recruter le noyau dur et je pense qu’on est complémentaires avec les autres plateformes telle que Brigad

 

Quelles sont vos perspectives de développement ?

Notre premier objectif est de nous positionner comme une référence emploi sur le secteur du CHR en France. Et puis, on a aussi des ambitions internationales car on commence à travailler avec des restaurateurs basés en Suisse, en Belgique et au Luxembourg et nous sommes en discussion avec les Etats-Unis et le Québec. Cookorico c’est la fierté de la France et le savoir-faire français est recherché partout dans le monde. 

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